On a visité la station d’épuration

Dans le cadre des 10 ans du Parc National Régional du Golfe du Morbihan, on pouvait visiter la station d’épuration de Tohannic.

Golfe en Transition n’a pas raté cette belle occasion de mieux comprendre le cycle de l’eau sur notre territoire.

L’accueil était chaleureux et le responsable qui nous a fait visité est un passionné. Il a répondu à toutes nos questions sans fard et a même déploré l’opacité de mise dans ce secteur.

Voici une petite liste des choses qu’on a pu apprendre lors de cette visite:

La première étape de nettoyage des eaux usées est un filtrage des graisses, du sable et des déchêts solides, grâce à des grilles. On a pu constater que ces déchets étaient recueillis en grande quantité. On a vu pas mal de papier mais aussi du plastique et des vêtements. Clairement, les gens jettent n’importe quoi dans leurs toilettes. La pédagogie, la communication publique sur ce sujet sont effectivement inexistante. Ces déchets solides sont enfouis.

Après ces filtrages, l’eau est envoyée dans un premier bassin circulaire en ciment. Cet équipement filtre essentiellement trois produits chimiques: les phosphates, les nitrates et l’ammoniac. Les nitrates et l’ammoniac sont dégradées par des bactéries qui sont dans le bassin et qui sont oxygénées par intermittence pour stimuler leur activité. Ces bactéries ont été mises dans le bassin à la construction de la station et y restent. Leur travail permet de dégrader les nitrates et l’ammoniac. Les phosphates ne sont pas complètement réduits par les bactéries. C’est pourquoi on utilise des additifs ferreux pour les faire précipiter dans les boues. Les phosphates sont apportés par les produits détergents et il faut réduire leur concentration dans l’eau rejetée, autrement cela favorise la prolifération d’algues qui asphyxient la vie aquatique.

L’eau de ce bassin est très épaisse en boues, avec environ 6% de matière organique. Cette eau est si dense que si on tombe dedans, on coule immédiatement sans espoir d’être repêché. L’eau est plus claire en surface et elle est envoyée dans un second bassin. Elle est brassée par un pont tournant, ce qui permet que les boues tombent au fond. Ces boues sont pompées en permanence vers le premier bassin pour être nettoyées par les bactéries.

L’eau est nettoyée très vite, en 24 h maximum. Les stations d’épuration sortent de l’eau sans bactéries. Elles sont contrôlées, les batteries restent dans les boues et de plus l’eau est désinfectée avec un acide puissant de la famille du vinaigre avant la relâche dans le milieu. Cet acide se dégrade très vite donc n’est pas polluant. Les rejets de pollution microbiologique sont donc très rares, qu’en cas de panne. Les analyses très fréquentes montrent que l’eau qui sort de la station de bonne qualité et satisfait aux normes.

La station ne permet pas par contre de limiter la pollution chimique. Les métaux lourds notamment sont piégés dans les boues. Ces boues sont épandues dans des champs (en agriculture conventionnelle). Donc on produit de la nourriture dans une terre que l’on contamine sans arrières-pensées…

Il est probable que l’eau qui sort contienne des microplastiques. Mais il n’y a pas de normes sur le sujet. Le technicien nous a expliqué qu’il avait testé la presence de PFAS mais qu’il y en avait tres peu, ce qui est logique en l’absence de site industriel dans le coin.

Nous avons bien évidemment posé la question qui nous amenait à cette visite. Et il s’avère que les stations d’épuration ne “débordent” jamais. En fait, ce sont les collecteurs des eaux usées qui ont un certain volume. L’eau des égouts arrive dans ces collecteurs et il y a une pompe qui les renvoie par un pipeline à la station. Lorsqu’il pleut, il y a plus d’eaux usées (pour x raisons) et les collecteurs peuvent alors déborder. Dans ce cas, de l’eau sale (avec pas mal de matière organique, des nitrates, des phosphates, de l’ammoniac et bien sûr les bactéries et virus de nos matières fécales se déversent directement dans la nature au niveau de ces collecteurs.

Le principal collecteur de Vannes se situe au niveau du pont vert, avant le pont levant au bout du port de Vannes. Cela explique sans doute les odeurs dont se plaignent les plaisanciers sur la plage de Conleau après de fortes pluies notamment.

Pour finir sur un aperçu des solutions, une station de la taille de Tohannic (la plus grosse du Golfe) ne coute pas si cher (au plus quelques millions) et peut être mise en service en un an. Une staton, c’est en gros une grille, deux bassins en ciment avec des tas de pompes. C’est franchement pas compliqué en fait. On comprend donc pas bien pourquoi les plus petites communes n’investissent pas dans ce genre d’équipements alors que la personne qui nous a fait visiter a clairement concédé que plusieurs des “petites” stations du golfe étaient saturées. Ce qui n’est pas le cas de la station de Tohannic, hors épisode d’intempéries exceptionnelles.

Au vu de ces informations, on comprend mieux pourquoi la préfecture a mis en place des « bassines » de rétention des eaux pluviales à Auray pour garantir la qualité de l’eau. A long terme, cela ne règle pas le problème de l’introduction des eaux pluviales dans les réseaux d’eau usées lors des intempéries. Mais doubler voir tripler la capacité des collecteurs d’eau usées par des bacs tampons semble bien être une solution de bon sens pour limiter les rejets d’eaux usées dans le Golfe à court terme. Quand on sait qu’un collecteur « temporaire » de ce type, ce n’est un trou avec une bâche, donc un coût très modique, on a du mal à comprendre l’inaction des pouvoirs publics.

Sans doute que ces questions d’égouts sont trop triviales pour que nos élus s’en emparent. À nous de faire passer l’information et de leur rappeler que le Golfe, c’est avant tout un espace maritime, dont on pourrait prendre plus soin. Surtout si c’est pas cher, et qu’on se baigne dedans…

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